« La Haute Route » (Chamonix-Zermatt) – du 16 au 21 mars 2025
Jour 1 – Du parking des Grands-Montets à la Cabane du Trient
Il neige depuis 3 jours, mais une éclaircie est annoncée, pour ce dimanche 16 mars dans l’après-midi. Ce sera l’avant-garde d’une semaine de grand soleil. La météo est avec eux !
A 9h00, ils (Clémence, Nawel, Sébastien et Philippe) s’élancent depuis le parking des Grand-Montet (Argentière). Pas trop tôt pour que d’autres fassent la trace (La suite leur montrera que cette prévision n’était pas sans faille !). Un démarrage tranquille : télécabines jusqu’au sommet de Bochard , puis +300m pour rejoindre le col des Rachasses. C’est l’occasion de passer au-dessus de la mer de nuages pour profiter d’un spectacle qui admireront durant les 6 jours de leur raid vers Zermatt.
Une fois le col franchi, c’est une descente de -600m qui les attend, dans 40cm de poudreuse en partie vierge de toutes traces… Magique !
Une fois sur le glacier d’Argentière, il faut remonter de +600m en direction du Col du Passon (le couloir purgera au moment où ils arriveront à ses pieds). Les derniers 100m se parcourent en crampons avec les skis sur le sac.
14h, sortie du couloir au Col du Passon. C’est là que les choses sérieuses ont commencé. Quelques groupes partent en direction du col supérieur du Tour. Plus loin et plus haut que l’option qu’ils choisissent : Le Col du Tour. La difficulté va se concrétiser avec l’absence de trace. Aïe…la progression devient laborieuse. Ils se relaient pour faire la trace sur les 5km (+300m) qui les séparent du col du Tour. La navigation se fait bientôt au GPS car la couche nuageuse est remontée. A 19h00, ils arrivent au pied du col du Tour. Il reste 50m à gravir en crampons avant de basculer sur le glacier du Trient. Ils sortent la corde et c’est à la nuit tombante qu’ils abordent le glacier. 19h30, un appel au refuge pour informer du retard, et c’est parti pour la longue traversée !
Lampes frontales, Progression encordée, la faible pente du glacier et l’épaisseur de la couche de neige fraiche ne permettent pas de glisser. Il faut encore tracer sur les 5km qui les séparent du refuge. La nuit s’est installée. Seules les lumières du refuge au loin, guide la progression. Ils observeront le lendemain, qu’ils se situaient à une cinquantaine de mètre de la trace bien damée, issue du col supérieur du Tour. Dommage ! Ils auraient gagné du temps et des efforts !
Cerise sur le gâteau… le glacier ayant notablement fondu, l’accès au refuge du Trient demande de remettre les peaux sous les skis pour remonter les 100 derniers mètres de dénivelé ☹
Il est 21h00 lorsqu’ils franchissent la porte du refuge. Sébastien arrivera 40mns plus tard (Ses peaux ne collant plus, il a dû monter à pied !). La gardienne les attend. Après 12h d’efforts, repas et dodo.
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Jour 2 – De la Cabane du Trient à la Cabane de Prafleuri
Dès 7h45, ils chaussent les skis pour une courte descente en direction du Col des Ecandies. Le lever de soleil, avec ses couleurs bleu-rose, est magnifique. Au pied du col, ils déchaussent pour gravir les 60m qui les séparent du couloir. La montée est sécurisée par un câble.
A 9h00, le col est franchi (photo), ils peuvent s’élancer sur les pentes poudreuses du Val d’Arpette (6km de descente pour -1500m). Ils y tracent de bien belles courbes !
A 10h30, ils arrivent à Champex. La prochaine navette pour la gare est dans 1h30. Il leur faudrait, ensuite, emprunter 2 trains… Bof… , ils optent pour un taxi qui les conduit directement jusqu’à Verbier, de l’autre côté de la vallée. Quelques télécabines, escalators et téléphérique plus tard, ils atteignent le Col des Gentianes (2900m).
Une courte descente et ils peuvent recoller les peaux sous les skis pour se lancer sur les 8km qui vont les conduire à la Cabane de Prafleuri (2663m) : Col de la Chaux, Col de Monin, Col du Petit Mont Calme, puis belle descente vers la Cabane. Sébastien en profitera pour faire un détour jusqu’au sommet de la Rosablanche (3335m).
Le groupe arrive vers à la Cabane vers 16h30, suivi de Sébastien, une demi-heure plus tard. Soirée jeux de société et nuit tranquille dans un dortoir réservé pour le groupe… Parfait !
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Jour 3 – De la Cabane de Prafleuri à la Cabane des Dix
Petite étape, au programme, pour ce mardi 18 mars. Il s’agit de franchir le col des Roux (2800m) pour se laisser ensuite, glisser le long du lac des Dix (8km) en perdant très lentement -300m de dénivelé. Une longue descente au cours de laquelle ils devront jouer avec les faibles pentes et pousser plusieurs fois sur les bâtons.
Ils quittent le refuge à 8h00, 20mns plus tard ils sont au col des Roux (+200m) et la longue descente en pente douce peut débuter (une traversée toujours sur la même jambe… aïe !).
Il ne reste plus qu’à remettre les peaux pour la longue montée vers le refuge des Dix : Environ 4km pour +500m de dénivelé. Les bosses se succèdent mais le refuge n’est toujours pas visible☹. Les derniers 50m, sous le refuge, tapent un peu dans les jambe et le mental.
Ils n’avaient pas prévu de pique-nique, ce jour-là. Ils arrivent juste pour midi, pile à temps pour commander de (très) belles assiettes de Rösti (Miam !)
L’après-midi se passe à buller sous la bulle solarium ou à siester dans les transats. Le paysage est magnifique, il se prête parfaitement à une contemplation méditative.
Vers 14h30, l’inactivité pèse sur les jambes de Sébastien. Il se lance dans un « extra » : Direction la Luette (sommet culminant à 3547m, situé +600m au-dessus du refuge. Il en revient 2h plus tard pour une fin d’après-midi d’échanges avec les groupes voisins + quelques parties de jeux de société.
18h30, souper. 20h30 dodo, de nouveau seuls dans un dortoir. Confort !
La journée du lendemain verra l’apogée du parcours : La pigne d’Arolla (3787m).
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Jour 4 – De la Cabane des Dix à la Cabane des Vignettes
Grosse journée en perspective, avec +1200m de dénivelé et un passage par le point culminant du parcours : La Pigne d’Arolla (3787m).
Réveil à 6h30, départ à 7h20…Euh !… Faux départ ! Après une première descente de -50m, il faut chausser les peaux pour débuter la montée vers la Serpentine. C’est là, que Nawel et Philippe s’aperçoivent qu’ils les ont oubliées (leur peaux !) sur le banc devant le refuge ☹ Merci Sébastien d’être remonté les chercher !
7h45… Vrai départ ! Traverser le Glacier de Cheilon ; Remonter les pentes raides du glacier de Tsenâ Réfien (+600m) en contournant les séracs jusqu’au col de Tsijiore Nouve (3440m) ; Traverser le plateau sommital pour rejoindre le pied de la Serpentine ; Ascension de la Serpentine (+100m de raide montée en conversions). La qualité et la quantité de neige récemment tombée, permettent de passer sans les crampons ni les couteaux… Youpi !)
Une fois les pentes de la Serpentine franchies, une longue courbe montante amène les skieurs au sommet de la Pigne d’Arolla (11h30). Horizon dégagé sur 360°. Devant eux, c’est le Cervin. Derrière eux le Mont-Blanc. Ils sont à mi-parcours.
Une photo de groupe. Ils ne s’attardent pas, ça souffle un peu et le fond de l’air est frais !
La descente (-650m) peut débuter en direction de la Cabane des Vignettes. Il faut éviter les crevasses et veiller à ne pas manquer le passage qui permet de changer de versant mais l’itinéraire est bien tracé. Ce sera l’occasion de skier au pied d’impressionnants séracs. Le paysage est majestueux.
A 12h30, ils sont attablés dans la chaleur de la cabane des Vignettes (Complet pour ce soir, ça fait du monde !) : Casse-croûte, boissons… l’après-midi sera l’occasion de renouer avec un jeu du passé « Le Monopoly ».
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Jour 5 – De la Cabane des Vignettes à la Cabane Bertol
Jeudi 20 mars. De nouveau une grosse étape avec +1200m -1000m et surtout 16km à parcourir pour rejoindre la cabane Bertol (3311m).
Surprise matinale pour Clémence qui découvre qu’une de ses chaussures était rangée sous la gouttière des chaussures situées sur l’étagère supérieure ☹. Résultat : un chausson rempli à raz-bord. On vide, on éponge et on enfile son pied dans un sac plastique 😉
Départ à 7h00, en direction du Col de l’Evêque (3379m). Ils l’atteignent en 1h30. Ils se laissent ensuite glisser sur le Haut glacier d’Arolla pour perdre 1400m de dénivelé. Au début de cette longue descente, ils ont quitté une grosse partie des skieurs présents, avec eux, au refuge de Vignettes. Ces derniers ont choisi de tracer directement vers Zermatt (Col du Mont Brulé, puis Col de Valpelline, avant de descendre vers Zermatt). Nos skieurs ont choisi de prolonger le plaisir en passant par la Cabane Bertol.
Une fois la cote 2500m atteinte, ils remettent les peaux pour +800m de montée. La cabane est très rapidement visible : L’objectif est facilement identifiable, au sommet de la vallée, perchée sur un promontoire rocheux (façon « nid d’aigle »). La progression est ponctuée par une succession d’aller-retours montants, sillonnant d’un coté à l’autre de l’étroite vallée. Plus ils montent, plus les virages se resserrent. Pause pique-nique à mi-chemin. Sébastien saute ce repas et part devant. Il ouvre une nouvelle trace, moins pentue que celle laissée par les « collants-pipettes (1) »… dré dans l’pentu !
Les suivants apprécient cette nouvelle trace qui laisse le temps à la contemplation. Elle devient, d’ailleurs, rapidement la trace principale. Merci !
A 13h00, ils arrivent au pied des échelles menant à la Cabane. 40m de progression verticale plus tard, ils sont attablés dans la salle sa manger panoramique. Enfin… pas exactement !… Clémence, Sébastien et Nawel décident de monter au sommet du piton qui surplombe la Cabane. Le gardien prête la corde et les dégaines. C’est partie pour 50m d’escalade (4c/5c) en chaussures de skis ! Ca grattonne sur la moindre aspérité (une découverte pour Nawel, « coachée » par Seb et « leadée » par Clémence.
Peu de clients à la Cabane, pour cette soirée… mais une gestion « militaire ». Tout brille d’une propreté-suisse, chaque objet (et personne !) a une place. Il ne faut pas déroger !
Inquiétude pour le lendemain : Le temps change. Le Foehn (vent chaud appelé aussi « le vent des fous ») est annoncé dès le matin en 20 et 60km/h. Le plafond nuageux devrait descendre. On doit passer un dernier col à 3650m d’altitude.
Le groupe décide de partir tôt. Le départ est fixé pour 5h00. Dodo tôt !
- Collants-Pipettes: Une mode apparue, il y a une dizaine d’années. Des sportifs issus du ski-alpinisme dont l’objectif est de faire l’aller-retour au sommet, le plus rapidement possible. L’équipement est minimaliste : « collants » de jogging et « pipette » (Camel-bag de joggeur). Très éloignés de la démarche hédoniste du « skieur de randonnée », les « Collants-pipettes » adoptent une démarche basée sur la performance. En conclusion, ils tracent « droit dans la pente »… Cooool les gars ! On veut profiter du paysage, pas uniquement « tirer sur la machine » !
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Jour 6 – De la Cabane Bertol à Zermatt
Vendredi 21 mars. Dernier jour de l’aventure.
Lever à 4h00. Deux autres groupes ont fait le même choix. A 5h00, ils sont les premiers à descendre les échelles. Les lampes frontales sont en action. La visibilité est encore bonne, et le vent toujours faible. C’est parti pour les 2h30 de montée en direction du col de Tête Blanche.
Les couleurs de la montagne au lever du soleil sont magnifiques, toujours peu de vent mais la couche nuageuse s’épaissit progressivement.
A 7h30, ils atteignent le col (Sébastien aura eu le temps de gravir les 50m supplémentaires qui séparent le col du Sommet de Tête Blanche – 3710m).
Les 20km de descente pour -2400m de dénivelé, vers Zermatt, peuvent commencer ! Ils vont skier près de 3h00 sous l’œil du Cervin (4447_m) et de la Dent d’Hérens (4173m) qui les surplombent. Magnifique !!!!
Dommage, la première partie de la descente se fait sur une neige hyper tracée, croutée et gelée. Ils ne font pas d’exploits stylistiques !
Au milieu du parcours, ils rencontrent de la « neige de printemps » réchauffée par le Foehn qui commence à bien s’installer. Les épaules deviennent douloureuses car il faut régulièrement pousser sur les bâtons.
La fin de la descente se fait sur les pistes de Zermatt (totalement vides !… Probablement trop tôt pour les clubistes-mondains de cette station de ski huppée)
A 10h30… C’est terminé. Retour à la civilisation.
Traversée de Zermat à pied… Anachronisme culturel ! Une équipe de babacool-sportifs-odorant évoluant au milieu d’une faune mondaine en manteaux de fourrure et tenues Vuitton ! Le choc des cultures.
Train pour Tasch (village parking quelques kilomètres en dessous de Zermatt)
Notre taxi nous attend. Retour vers Chamonix. 2h00 de route que certains n’ont pas pu apprécier RRrrr Zzzz !!
En résumé :
- Près de 6000m de dénivelé positif/négatif
- Altitude maximum : 3787m
- 115km et une 40aine d’heure de ski.
Douche (enfin !) et dodo.
PS : Le surlendemain, Sébastien et Clémence seront sur les podiums de la compétition d’escalade à St Denis-lès-Bourg. Vive la jeunesse !
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